1945 fut l’année de l’annexion de la Roumanie, pour au moins deux décennies, à l’empire soviétique. La sentence avait été prononcée à Moscou, en octobre 1944, lorsque les sphères d’influence furent dessinées par Staline et Churchill sur un bout de papier.
A ce moment-là, la Transylvanie du nord était sur le point d’être libérée. Lorsqu’elle le fut entièrement, le 25 octobre 1944, l’administration fut confiée à l’Armée Rouge. La conférence de Yalta ne fut qu’un statu quo. Comme s’ils n’avaient pas trouvé à leur avantage que le coup d’Etat du roi, le 23 août 1944, les ait empêchés d’occuper la Roumanie par la voie des armes, les Soviétiques se déclarèrent « libérateurs ». Ils installèrent ainsi leur propre gouvernement à Bucarest : la Commission de contrôle de l’Armistice. Les généraux Sousaïkov et Vinogradov, le contre-amiral Bogdenko et le conseiller Dangoulov, de concert avec les « moscovites » Ana Pauker, Vasile Luca et Emil Bodnăraş, dirigeaient le pays en se tenant dans l’ombre. Ils conditionnaient la rétrocession de la Transylvanie par le renversement du gouvernement Rădescu. Une autre condition était de voir réduire au silence le P.N.P. et le P.N.L., partis de Maniu et de Brătianu. En dépit des protestations des diplomates, des militaires, des journalistes et des observateurs anglo-américains, le gouvernement Rădescu fut remplacé par le sinistre Vâsinski par le gouvernement Petru Groza, par la soi-disant « concentration démocratique ».
La grève royale, déclenchée après la conférence de Potsdam par Michel Ier, dura quatre mois et demi. En décembre 1945, à Moscou, la conférence des ministres alliés des affaires étrangères décidait d’accepter le gouvernement Groza, à condition d’y introduire un ministre du Parti paysan et un du Parti libéral. Le gouvernement, qui demeurait cryptocommuniste, devait organiser des élections libres et correctes. Elles eurent lieu à peine le 19 novembre 1946 et furent une immense fraude, qui allait remettre le pays aux mains des communistes pendant quatre décennies et demie.