Au total, dans la République populaire de Roumaine il y eut plus de deux millions de personnes discriminées par des méthodes coercitives. Encore quelques centaines de milliers furent retenues administrativement, c’est-à-dire incarcérées sans procès (dont certaines restèrent en réclusion de 8 à 10 ans). De 1945 à 1989, 600 000 Roumains furent arrêtés et condamnés. La terreur atteignit son paroxysme entre 1948-1953 et 1958-1960, quand, outre les pénitenciers débordés, on créa de nombreux camps de travaux forcés et on procéda à des déportations et des déplacements massifs d’individus que le régime considérait comme une menace (au total, encore 200 000 personnes).
Cette salle présente certains des pénitenciers qui furent autant de lieux d’extermination des élites roumaines, soit des intellectuels, des paysans, des prêtres, des marchands, des artisans, des militaires, des étudiants, des élèves, mais aussi un grand nombre d’enfants mineurs et de femmes.
Nous présentons ici quelques grandes prisons selon leurs fonctions particulières ; nous montrons comment la cellule se transformait souvent en une université ; nous exposons des objets qui faisaient partie du décor misère de la détention ; nous illustrons le déplacement des détenus d’une prison à l’autre et, enfin, nous imaginons les itinéraires tragiques que durent parcourir certaines personnalités incarcérées, afin d’illustrer ce que chaque destinée a d’unique (voir l’application respective sur l’écran tactile).
Un détail important : la porte massive placée au milieu de la salle provient de Galati, soit de la prison – désaffectée de nos jours – où furent martyrisés de 1947 à 1951 les grands maîtres de la démocratie roumaine : Iuliu Maniu et Ion Mihalache. Maniu est mort à Sighet en 1953, alors que Mihalache, transféré dans la prison de Râmnicu Sărat, y est mort en 1963, après de longues années de souffrance et de misère.