L’article 209 du Code Pénal est le « trou noir » de la justice communiste. Après 1948, un tiers des condamnations politiques ont été prononcées en vertu de cet article, qui définissait, avec une ambiguïté diabolique, les délits de « conspiration contre l’ordre socialiste » ou de « conspiration contre l’ordre de l’Etat ». En réalité, il s’agissait là du prétexte idéal pour condamner quiconque avait fait partie d’une organisation anticommuniste, ou bien avait refusé d’intégrer le syndicat ou la coopérative agricole de production, ou bien avait vandalisé le portrait d’un officiel, ou bien, tout simplement, avait fait une (mauvaise) blague à l’égard des autorités. C’étaient les activistes de parti et les enquêteurs – et, par la suite, les magistrats – qui établissaient les peines, en fonction du « danger social » que représentait l’inculpé. Dans le temps, les peines sont devenues de plus en plus sévères, de sorte qu’un délit qui en 1948-1949 était puni de 7 ans de prison ferme est en 1959 sanctionné de la peine de mort.
Afin d’illustrer le sadisme de la justice communiste, nous avons projeté sur l’un des murs de la salle les délits/les raisons qui conduisaient à l’application de l’article 209.
64 études de cas ont été détaillées non pas en raison de leur gravité ou de leur notoriété, mais surtout en raison de la diversité des professions des personnes impliquées, de leurs études, leur âge (l’article 209 n’exceptait par les mineurs), leur sexe, leur confession, leur appartenance politique ou leurs raisons.
Les statistiques nous avons dressées dans le cadre du Recensement de la population concentrationnaire, effectué par le Centre International d’Etudes sur le Communisme (le CIEC) prouvent qu’au moins 180.000 personnes ont été condamnées en vertu de l’article 209.
Sur ces 180.000 condamnés, nous gardons dans l’archive du CIEC les noms de 23.378 personnes, que vous pouvez voir projetés sur le mur de la salle. Il s’agit là d’un humble hommage à la mémoire des milliers de victimes inconnues.