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Musée Sighet: Salle 50 – Le phénomène Piteşti

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Sala 50

Dans les années 1949 – 1951, la destruction des élites de la société était en passe d’être accomplie : les intellectuels, les diplomates, les prêtres, les militaires, les magistrats, les policiers, les hommes politiques de l’ancien « régime des bourgeois et des grands propriétaires fonciers » étaient emprisonnés, tandis que les meilleurs des paysans étaient déportés dans les colonies de travaux forcés. Tous ensemble et chacun séparément se voyaient appliquer une seule étiquette : « ennemi du peuple ». Il ne restait plus que les jeunes, une force sociale imprévisible, et qui devait être anéantie. C’est pour eux qu’a été inventée l’expérimentation de Piteşti (appelée « rééducation » par la Securitate). Les méthodes les plus barbares de torture psychique ont été appliquées aux jeunes détenus « récalcitrants », quelles qu’eussent été leurs croyances politiques ou religieuses. Le but en était de les faire s’humilier mutuellement, de se maltraiter physiquement et de se mutiler psychiquement en dénigrant leur passé. Cette opération diabolique de dépersonnalisation, de « démantèlement de l’entourage » et d’assassinat moral commença  à compter de l’été 1948 dans les établissements pénitentiaires de Suceava et de Piteşti, puis atteignit l’apogée de la cruauté et de la bestialité, continuant par la suite, avec une puissance réduite, dans les prisons de Gherla et de Târgu Ocna.

On lui mit fin par une enquête et par un procès – mammouth dans les années 1953 – 1954. La sentence du 10 novembre 1954 condamnait à mort 22 membres des commandos légionnaires dirigés par Eugen Ţurcanu (dont 16 ont été exécutés). Les officiers de la Securitate ou ceux des prisons, qui avaient instrumenté « la rééducation » ne furent pas incriminés. Dans le courant de l’enquête, ils se virent reprocher seulement « le manque de vigilance et la négligence criminelle » qui « permit » l’expérimentation ! Dans un autre procès, de 1957, ces officiers furent eux aussi condamnés à des peines mineures, pour être ultérieurement amnistiés, sans que la culpabilité des chefs de la Securitate – Teohari Georgescu, Marin Jianu, Gheorghe Pintilie, Alexandru Nicolski, Mişu Dulgheru e.a. – soit seulement mentionnée.

L’expérimentation de Piteşti est considérée unique dans l’éventail des moyens de destruction massive de la personnalité humaine.