C’est une des salles les plus impressionnantes du musée. En dehors des prisons mixtes, certaines étaient exclusivement réservées aux femmes : Mislea, Mărgineni, Miercurea Ciuc, Dumbrăveni ou encore Arad.
La naissance, la maternité acquièrent des dimensions toutes différentes dans l’univers concentrationnaire. C’est pourquoi nous avons présenté deux cas de femmes emprisonnées et tragiquement séparées de leurs enfants.
Iuliana Preduţ a été condamnée à 12 années de détention pour l’aide fournie aux partisans des Monts Făgăraş. Le 28 août 1958, elle donna naissance dans la prison de Văcăreşti à une fille qu’elle nomma Libertatea-Justiţia (La Liberté-La Justice). A trois mois de sa naissance, l’enfant fut pris et transféré à l’orphelinat Ste Ecaterina. Toute une série d’objets qui lui ont été offerts par les femmes avec lesquelles elle partageait la cellule sont exposés.
Ioana Voicu Arnăuţoiu, fille de Toma Arnăuţoiu et de Maria Plop, est née en 1956 à « Râpele cu brazi » (les Ravins aux sapins), un abri sur le versant méridional des monts Făgăraş, où une partie des combattants anticommunistes du groupe de Nucşoara avait trouvé refuge. Le père fut exécuté en 1959 à Jilava et la mère, condamnée aux travaux forcés à vie, mourut dans la prison de Miercurea Ciuc en 1962. La fille fut internée dans un orphelinat et ne put connaître sa véritable identité qu’en 1990.
Ce ne sont que deux des études de cas présentées dans cette salle. Des dizaines de femmes qui ont connu la prison apparaissent – en tant que mères, épouses ou filles de certains détenus ou encore parce qu’elles ont été, elles-mêmes, considérées par les communistes comme dangereuses pour l’ordre social.
Les noms de 4200 femmes qui ont été emprisonnées dans les geôles communistes sont exposés sur les murs et le plafond de la salle (leur nombre réel est infiniment plus grand). Les objets difficilement préservés datant de leur période de détention sont exposés dans une vitrine. En même temps, les voix de certaines des femmes qui ont souffert en prison peuvent être écoutées sur un lecteur de CDs accessible aux visiteurs.
Sur l’écran TV du rez-de-chaussée on peut voir le film « Bénie sois-tu, prison ! » de Nicolae Mărgineanu, qui porte à l’écran le roman homonyme de Nicole Valérie Grossu. Un film qui se passe justement dans l’univers des pénitenciers de femmes.